Le journal des culturés : Coxon, Marchet, Ian Brown
Au commencement, ce fut Blur. Un groupe de pop british très typique, habile vendeur de mélodies imparables et rythmes endiablés, et le triomphe précoce par la grâce d'un single universel : Boys and girls. Le chanteur du groupe, Damon Albarn, et son guitariste, Graham Coxon, engagèrent après plusieurs albums une petite guerre d'influence et d'inspiration : le premier rêvant d'un groupe moins mainstream, le second d'une indépendance et d'une reconnaissance qui le fuyait au sein de Blur. Coxon se lance donc logiquement dans une carrière en solo, dès 1998, qui à ce jour a acouché de six albums inégaux, souvent remarqués par la critique, mais pas toujours récompensé au niveau des ventes, surtout par rapport aux succès d'Albarn chez Blur ou Gorillaz. Le plutôt pas mauvais Hapiness in magazine ( 2004 ) est un bon exemple de ce que Coxon pouvait apporter à Blur : un sens inné dans la création de petites mélodies à la guitare, la simplicité et l'éfficacité au service de chansons sans prétentions, mais bien sympathiques à entendre. ( 6,5/10 ) . A noter que Coxon a réalisé en 2006 un nouvel album, Love travell at illegal speed.
"Alors tu t'es marié, à Levallois Perret - Tu as trouvé une maison, et un job à la con " Un album qui démarre de cette façon, avec des paroles aussi véridiques et évidentes, ne pouvait que mériter une écoute plus qu'attentive. Un bon point pour la chanson française : il existe encore, dans l'hexagone, des artistes sachant ecrire des textes, et les accompagner avec de vraies mélodies et sachant jongler avec les instruments. Exit Miossec ou Delerme, les grandes supercheries des temps modernes, place à Florent Marchet. Un voix avec de faux airs de Souchon, un réel talent d'instrumentiste, Marchet est un de ces artistes remarqués sur la compil des Inrocks, CQFD, destinée à repérer de nouveaux talents encore jamais édités, peut être la seule vraie bonne chose publiée par cet hebdomadaire qui a pris en otage depuis des lustres le bien penser politique et artistique français. Le Gargilesse en question de l'album est le village de naissance de l'artiste, trou perdu du Berry ( à quand un album Gauchy? ). Florent Marchet a aussi une voix, donc, certes n'echappant pas à la tentation de trainer un peu en longueur et de flirter avec la complainte, mais dans l'ensemble parvenant à séduire l'auditeur pendant quarante bonnes minutes. Tous pareils, chante Marchet sur le deuxième morceau de l'album... ce qui n'est pas tout à fait vrai dans le panorama de la chanson française, une fois libéré du poids des ancêtres déjà cités, et de leur velléïté de crédibilté. Seul point commun de ces artistes français, cette manie de regarder les choses du passé comme de vieilles photos en sépia pour en tirer des constats doux amers, oscillant en permanence entre le réactionnaire ( Delerme ) et le désabusé. Ce qui n'empêchera pas de dire du bien de Florent Marchet, dont le nouvel album, successeur de ce Gargilesse, vient de sortir. (7/10)
Et puisque vous l'avez entendu cette semaine sur Radio Devotionall, quelques lignes sur le best of de Ian Brown s'impose, tant l'ancien chanteur des Stone Roses souffre d'un manque de reconnaissance dans l'hexagone, alors que son statut d'icone, en grande Bretagne, est désormais établi. Pensez donc, sa popularité est allée jusqu'à lui permettre de dessiner son propre modéle de chaussure Adidas en 2005! Brown a toujours été un agité du ciboulot, depuis tout petit, quand il admirait des sportifs et artistes comme Muhamed Ali ou Bruce Lee, et la musique est pour lui quelque chose de sauvage : ses premiers amours le portent vers les Clash et le punk naissant. Avec son ami John Squire il forme en 1984 les Stone Roses, groupe indéfinissable passant du rock garage à la pop new wave. Cette capacité de touche à tout est encore plus évidente depuis que Ian fait bande à part, et cette compil vient rappeller que parfois hétéroclite rime avec producteur de hits ( rime minable, pardon... ). De sa voix parfaite semblée faite pour une pop irrésistible, Ian Brown met la patée à ses jeunes cousins britons sans même forcer son talent. En outre vous retrouverez le sieur Brown dans le role d'un sorcier, dans un des épisodes d'Harry Potter, et régulièrement dans les tribunes de l'Old Trafford, pour les matchs de Manchester United. Même Ian Brown a ses défauts, après tout. Pour ce best of, un bon (7,5/10)
Ian Brown : évitez de trop l'emmerder...