DEPECHE MODE STORY : Some great reward

Publié le par DEVOTIONALL

DEPECHE MODE STORY Part 4 : Some great reward (1984)




Un beau jour, les choses doivent changer, évoluer. Et elles évoluent, avec ce SOME GREAT REWARD. Peut être parce que le groupe part enregistrer à Berlin aux mythiques studios Hansa, peut être parce que là Martin Gore y reçoit une sorte d’illumination, qui le pousse à paraître sur scène avec jupette, attirail sado-maso et à écrire quelques titres de légende, peut être tout simplement parce qu’il devait en être ainsi, parce que la graine du talent finit tôt ou tard par éclore, et que les prémices des albums précédents devaient inéluctablement produire de bons fruits. Pensez donc, les singles issus de ce disque sont tout bonnement emblématiques des années 80, à commencer par le naïf ( les gens sont tous les mêmes, pourquoi ne réussirions nous pas à nous entendre…) « People are people », robotique à souhait, qui emprunte une partie de son discours anti guerre au récent conflit des Malouines. Et que dire du shocking « Master and servant » où les Mode invitent le public à participer à un jeu où il s’agit de traiter le partenaire comme un chien, le faire mettre à genoux, le tout avec chaînes et fouets qui claquent le long des 4 minutes de pop perverse et malicieuse ( It’s a lot, qui n’a pas ce gimmick encore en tête ? ). Plus intelligent et nettement plus subtil, le sous évalué « Blasphemous rumours », où Gore s’interroge sur la morale chrétienne et son acceptation des aléas de la vie et de la mort. Comment croire, comment pardonner, quand une jeune fille de seize ans s’éteint, raccordée à une machine pour la respiration artificielle ? Un titre qui porte bien son nom ( rumeurs blasphématoires ), noir, qui marrie musique indu et pop et s’achève sur une série assez glauque de sanglots qui s’amenuisent. Si le but était de marquer les esprits et de s’acheter une crédibilité ( en y perdant une conduite ) les Depeche Mode ont atteint l’objectif.

Avec ce disque, ce fut également la rencontre avec la censure. Particulièrement à cause de "Blasphemous rumours" que beaucoup de radios hésitèrent à programmer, et qui firent s'insurger l'Eglise anglicane et la BBC. Ce qui explique en partie que certains s'occupèrent surtout de la face B, une innocente ballade romantique chantée en falsetto par un Martin Gore déchaînant les cris des jeunes fans pré pubères en concert. Avec le recul, les Mode admettent qu'il s'agit là du premier vrai album dont ils sont encore fiers à ce jour. On y trouve, outre les pépites pop au goût doux amer et pas si inoffensives que ça déjà évoquées, des titres construits avec intelligence et flirtant avec une musique progressive indu qui sait toutefois toucher le grand public et parler au plus grand nombre ( comme le robotique "Something to do" ou encore "Stories of old" qui comprend des sons assez bizarres, comme de klaxons ou de trompettes, un peu comme ceux de "Love, in itself" un an auparavant ). Alan Wilder signe un morceau, le discoïde dance "If you want" qui ne laissera pas de souvenirs impérissables dans la discographie des DM. Ce qui ne sera pas le cas du eyeliner, du cuir, du vernis noir, et des robes improbables ( je n'évoque pas les coiffures, l'époque n'était pas au meilleur goût ) qui font véhiculer une imagerie fantasque, à la limite de l'iconographie gay, qui collera aux basques des quatre de Basildon pendant quelque temps. Une excellente introduction, en tous les cas, à ce qu'allait devenir Depeche Mode un an et demi plus tard, quand allait commencer "la phase adulte" d'un groupe s'affirmant toujours plus, album après album. (7/10)

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