MON FRERE EST FILS UNIQUE ( de Daniele LUCHETTI )

Publié le par DEVOTIONALL

 

Je me suis enfin décidé à regarder MON FRERE EST FILS UNIQUE, ce film italien sorti avec succès en septembre. Ce qui m’a fait repousser le moment fatidique ? La présence de Riccardo Scamarcio, nouveau bellâtre sans relief du cinéma transalpin, dont chacune des mièvres apparitions me fait douter du septième art. Fort heureusement, son rôle ici n’est pas vraiment prépondérant, éclipsé justement par un remarquable Elio Germano, juste et touchant. En plus, le scénario le met pour une fois en valeur, et le film est donc au final fort plaisant. C’est aussi une chronique historico politique de l’Italie des années 60 et 70, une façon intelligente de comprendre le conflit idéologique entre la droite et la gauche, et ses inévitables victimes.

Accio ( en italien, c’est un suffixe, qui désigne ce qui est mal, méchant ) , la teigne, crée le désespoir de ses parents. Il est farouche, polémique, bagarreur et a les nerfs à fleur de peau. Il agit par instinct, vivant chaque bataille comme une guerre. Son frère Manrico est beau, charismatique, aimé de tous, mais tout aussi dangereux... Dans la province italienne des années ‘60 et ‘70, les deux jeunes hommes se battent sur deux fronts politiques opposés ( respectivement l’extrême droite et l’extrême gauche ), ils aiment la même femme et traversent, dans une confrontation sans fin, une période de leur vie faite de fugues, de retours, d'échanges de coups et de grandes passions. C’est souvent filmé juste, et on se rend compte bien vite que l’imbécillité ne connait pas de frontières politiques, et que les idéaux sont faits pour être démystifiés.

Finalement, les choix de Accio sont logiques : pas facile de vivre dans l’ombre d’un frère beau, fort et apprécié de tous. Si ce n’est de faire le contraire, à savoir adopter un comportement asocial, et flirter avec la droite dure, en réponse aux accents communistes du brother. Ses parents veulent le voir suivre des études techniques ? C'est en latin qu'il excelle. Son frère collectionnait les filles ? Lui, il a failli entrer en religion. Accio n'y peut rien : il s'oppose à tout. Ce film est en réalité une petite fresque qui interroge le spectateur sur le rôle de l’idéalisme et de la justice dans ce bas monde. Une vision non manichéenne, qui ne fait ni concession ni ne sympathise : les post fascistes d’un coté, les anarchistes qui louent Staline et Lénine de l’autre. On finit par revenir de tout, et la vie nous fait évoluer, parfois nous fait entamer une vraie révolution copernicienne, semble nous dire Daniele Luchetti, le réalisateur. C’est un peu lent, avec un film qui repose sur les épaules d’un couple de frères antithétiques, mais qui a le mérite de laisser à celui qui se prend au jeu un champ de réflexion assez objectif, voire dérangeant, sur les contradictions d’une Italie, qui souffre de l’injustice et des abus de ses puissants. Finalement bien agréable, et bien construit, à voir, assurément ! (7/10)


L'affiche presque originale de ce film que je recommande

Publié dans AU CINE CE SOIR

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I
C'est un très beau film que je recommande à tous les lecteurs!
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