THE SOULSAVERS : Les sauveurs d'âme

Publié le par DEVOTIONALL

Le journal des culturés présente :

THE SOULSAVERS : Ils veulent sauver votre âme!

J'aime beaucoup le moment fébrile où je vais, pour la première fois, écouter un de ces nouveaux albums, d'artistes parfois encore assez obscurs, et qui m'ont été chaudement recommandé, de ci et de là. Parfois, voire assez souvent, la deception est de mise, et même si la qualité est de rigueur, l'ensemble n'est pas si formidable. Et puis parfois, l'album est différent, insolite, mérite d'être considéré comme un de ces disques à part, qui forment à eux seuls un courant musical, une règle générale à appliquer pour les autres. Ainsi en va t'il pour les SOULSAVERS, les sauverurs d'âme. Ils débarquent pour sauver votre âme, et leur musique a de belles chances d'y parvenir, à condition que vous promettiez de ne plus jamais écouter Indochine par la suite. Si vous pensez pouvoir maintenir votre promesse, continuez cet article.

THE SOULSAVERS : Voilà typiquement le genre de projet qui sur le papier peut donner un peu tout et n'importe quoi : d'un côté Soulsavers, un duo de producteurs jusqu'ici plus connus pour leurs remixes de Starsailor ou Doves entre autres, de l' autre Mark Lanegan, qui depuis quelques années promène sa voix rocailleuse sur divers projets, avec un degré d'implication aléatoire. Un jour chez ses ex-compères de Queens of the Stone Age, un autre chez Isobel Campbell, pour un album version Belle et la Bête. Un peu comme s'il était devenu une sorte de caution ténébreuse pour des albums qui se cherchent une forme, parfois au détriment du fond.

Voici donc un disque qui se donne pour ambition de mélanger gospel, country, musique électronique... De gospel il est en effet question dès Revival, le morceau introductif, et de façon spectaculaire : force est de reconnaître que la voix de Lanegan, soutenue par des choeurs, fait merveille et développe une mélodie puissante et ascensionnelle. On retrouve les mêmes éléments sur Paper money, avec un propos plus sombre et introspectif. Mais sur l'ensemble de l'album, il est surtout question d'ambiance, avec un bonheur un peu plus mitigé : ainsi, si des titres comme Ghosts of you and me, ou Kingdoms of rain apparaissent comme très réussis, la volonté de faire baigner l'ensemble dans un rythme downtempo bluesy est un peu forcée sur Ask the dust ou Arizona bay, passages instrumentaux avec une touche d'électro trip hop qui en rajoutent un peu dans les effets. De même la reprise de Spiritual de Spain respecte la beauté du morceau d'origine mais n'atteint pas sa force par manque d'audace.

Néanmoins l'impression sur ce disque reste très positive, car les deux autres reprises, Through my sails de Neil Young, où Will Oldham vient mêler sa voix à celle de Lanegan et No expectations des Stones  séduisent par leur sobriété d'arrangements qui laisse la place à un thème mélodique éthéré et poétique. Au final, un disque à la fois intemporel et moderne, ambitieux et modeste, qui sans avoir une force dévastatrice remet au goût du jour éclectisme, érudition et ouverture d'esprit. Après avoir savouré le récent Arcade fire, la musique à teinte mystique, concocté entre une crypte et un baptistère, semble se porter comme un charme. A l'heure où l'atheisme et la surrenchère à la violence se pose comme le fondement de tout un style de vie chez une bonne partie des djeuns, certains artistes ont décidé d'extraire le beau de ce que le monde a encore de poétique et de merveilleux. The Soulsavers travaillent pour votre âme, comencez donc, lentement, le processus de guérision! (7/10)

mars 2007

01. Revival
02. Ghosts of you and me
03. Paper money
04. Ask the dust
05. Spiritual
06. Kingdoms of rain
07. Through my sails
08. Arizona bay
09. Jesus of nothing
10. No expectations

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