Vivement les elections!
La cinquième république française vit aussi de mythe. Un des plus célèbres est celui de l'election présidentielle, qui serait, raconte la légende, la rencontre d'un homme et du peuple. Rien ne dit si un homme est à prendre au terme large ( un être humain ) ou réduit au sexe, mais il est probable que nous en sachions plus dans quelques mois. Mais puisque aujourd'hui les couples homosexuels sont reconnus, notamment par le pacs, nous pouvons aller de l'avant dans notre exemple, sans risquer le contresens.
Une rencontre, donc entre un homme, et la France, tel que se pouvait l'imaginer De Gaulle. C'est à dire une rencontre classieuse; on imagine bien les lumières tamisées du restaurant et les bougies eclairant la table pendant que l'homme, réajustant son élégante cravate, complimente du regard sa vis à vis et la berce avec ses paroles tour à tour sucrées, et persuasives. Une rencontre avec du Sinatra en musique de fond, ou un piano bar la derrière, pour créer l'atmosphère. Si les avances sont faîtes dans les règles de l'art, la femme finit par sucomber, et l'homme peut ensuite ramener sa conquête à la maison pour consommer le rapport entre des draps de soie. Peu importe si De Gaulle était un géneral à tendance totalitaire, ou Mitterand un amant machiavelique et calculateur, le mythe de l'election présidentielle, c'est bel et bien ça.
Avec Chirac déjà les choses commencèrent à évoluer. On avait bien remarqué que dans les assiettes des deux amants, la cuisine s'était faîte moins raffinée. Comme une forte odeur d'ail, de victuailles prolo. Et puis, on avait aussi cueuilli ces regards en coin de l'homme, qui s'attardaient sur les decolletés plongeants des tables avoisinnantes. Mais on a choisi de ne pas se formaliser, il faut bien aller voter, non?
En 2002, les bougie se sont éteintes, soufflées par un vent violent : un forcené venait de pénétrer dans le restaurant, et s'étant dangereusement approché de la table qui nous interresse, il avait ouvertement menacé notre dame, lui promettant des coups et du fric, lu parlant d'ejacs faciales et de boites echangistes. La dame a rougie mais les billets et la réthorique l'ont fait un instant vaciller... Et après tout, ça l'aurait bien changé... Et puis non, elle a tenu bon, mais quelque part au fond d'elle, ele continue d'y penser, la bête s'est reveillée.
Aujourd'hui l'election présidentielle ne peut plus être un rendez vous d'un homme avec la France. Aujourd'hui il ne faut plus convaincre la France, ni même la séduire, il faut la violer, la prendre en tournante dans la cuisine du resto, pour aboutir à quelque chose. Sarkosy est un nain qui utilisera une echelle pour aller lui titiller les tétons, et qui la reconvertira, l'echelle, en ce que vous pouvez facilement, et douloureusement, imaginer. Royal, derrière sa froideur de magazine, est une reine du porno chic, les pires dépravations acceptées et publiées, car sur papier glacé de qualité. Le Pen c'est la tournante suivie du corps mutilé dont on se débarasse en le jetant dans un fleuve : la folie qui revient, de plus en plus souvent, à la une des journeaux. La LCR ce sont des puceaux qui souffrent d'ejacs precoces et veulent parler bien fort pour se rassurer, mais la Belle n'écoute même pas...Bayrou on ne sait pas, lui non plus; il voudrait bien rallumer les chandelles, et demander à ce qu'on passe du Sinatra, mais il craint que désormais, la belle, ça la lasse, alors il hésite...
Et c'est ainsi partout, pas seulement en France. En Italie, PierFerdinando Casini vient de trahir Berlusconi et de créer son propre parti centriste. Son argument, pour se différencier de son mentor, celui qui lui a tout donné : Moi, je suis plus beau ( Il est en effet un sosie au rabais de Clooney, cheveux grisonnant et afable ). On admire, et on vote. Très con , mais efficace, aujourd'hui.
Le triomphe du populisme, l'ère de la démagogie totale est arrivée. La classe n'est plus qu'un handicap, la belle parole un souvenir. Au printemps prochain, n'attendez pas de débat, pas de campagne : juste un vaste et grand racolage, la rencontre entre des cailleras de la téci et la petite vieille qui vient toucher sa retraite. C'est vraiment beau, une election présidentielle.
