FROM HELL ( de Alan Moore )

Publié le par DEVOTIONALL

COMICS Corner :

FROM HELL ( Alan Moore / Delcourt )


Quand vous découvre FROM HELL, il n’est pas dit que vous soyez tenté de l’acheter, si ne vous connaissez pas Alan Moore ( un des meilleurs scénaristes anglais de son temps ) et l’excellence de sa production habituelle. La livre se présente de plus sous format « gros pavé austère » et le dessin ressemble parfois à des délires oniriques ( des cauchemars, en fait…) réalisés au charbon de bois. Mais les apparences sont trompeuses, et ceux qui se sont plongés dans la lecture connaissent le fin mot de l’histoire : une Bd adulte, dérangeante, angoissante, qui se développe lentement mais surement, au détriment des bonnes mœurs et des bons sentiments.

Pour faire face à un chantage concernant la naissance d'un enfant né de l'union inavouable d'un petit fils de la famille royale et d'une prostituée, la reine Victoria dépêche son médecin, William Gull, afin de régler le problème. Celui-ci, tout en suivant les ordres de la Reine, va néanmoins poursuivre ses propres plans. Les meurtres atroces qu'il va commettre à Whitechapel durant l'automne 1888 défrayeront la chronique. Le mystérieux assassin, surnommé Jack l'Eventreur, ne sera jamais identifié par la police.
Les crimes qu'il commet auront pour Gull/Jack l'Eventreur, une portée telle qu'ils provoqueront chez lui des visions terrifiantes d'un Xxème siècle froid et inhumain. Moore fait fi des suppositions et trace sa propre enquête, ou plutôt son « autopsie » comme il la qualifie. Là où les faits historiques balbutient ou se contredisent, il brode et déborde, tout en suivant une ligne directrice claire dans sa folie, faisant de Gull un illuminé méthodique assez effrayant. Les crayons de Campbell n’en finissent plus de dépeindre une Londres fuyante et grouillante d’une humanité assimilée à la vermine, dominée par ses pulsions, abandonnée au vice et à la luxure. Certaines scènes sont littéralement gore, ou volontairement provocantes, mais From Hell ne tombe jamais dans la concession ou le voyeurisme gratuit, cette œuvre se veut juste incisive comme un rasoir et coupe partout où ça peut faire mal. Le gros pavé est bien complété par de très nombreux éclaircissements apportés par le scénariste lui-même, qui vient remplir les trous de sa trame, là où l’ignare en la matière ( que je suis d’ailleurs ) peut être rebuté sur la vie et l’œuvre de Jack l’éventreur. Il faut plusieurs heures de lecture, une vraie patience, et l’amour de la Bd pour venir à bout de ces centaines de pages, mais la récompense en vaut la peine : quand la bd supplante aisément la plupart des films noirs et parle aux tripes de ses lecteurs… En plus, c’était aussi un de mes cadeaux de noël, encore merci ! (7,5/10)


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