LADIES AND GENTLEMEN WE'RE FLOATING IN SPACE ( Spiritualized )

Publié le par DEVOTIONALL

En 50 épisodes indispensables, voici les incontournables de la musique des années 80 à aujourd'hui, offerts par votre serviteur. Aujourd'hui:

Fiche 05 : LADIES AND GENTLEMEN, WE'RE FLOATING IN SPACE

Aujourd'hui, nous allons revenir sur le meilleur album de Spiritualized, l'etrange et necessaire Ladies and Gentlemen, we're floating in space. Spiritualized est un groupe complexe, preux chevalier d'une musique progressive et indie jusqu'à la moelle, incapable de faire des concessions sur l'autel du commerce et des charts. Cette rigueur a toujours fait de son leader, Jason Pierce, un cas interessant de talent à préserver. Le prochain album est d'ailleurs prévu pour la fin de l'année, et il faudra suivre tout cela de très près. En attenandant, mesdames et messieurs, nous flottons dans l'espace!

Dès le titre, tout est dit : Quand une génération d'idiots sans perspective s'offre des trips hallucinogènes à grands coups de chichons, Spiritualized vous emmene bien plus loin par la magie opérante de soixante minutes de musique inattendue. Oscillant souvent entre la comptine et l'energie desespérée, l'album est un condensé de tout ce qui a pu se faire de bien depuis les sixties, assimilé et retravaillé avec le génie des grands orfèvres.

Jason Pierce, le leader de Spiritualized, a d'abord fait parler de lui en collaborant avec Sonic Boom dans un premier projet aux expériences assez similaires, mais un poil moins abouties, sous le nom de Spacemen 3. De la bonne vieille musique de drogués, sauf qu'à force de planer, on finissait un peu par s'endormir. Avec Spiritualized, on a mis un peu plus de Stooges (sous Temesta quand même) et de Velvet Underground dans le Pink Floyd, et ça fait toute la différence: des riffs un poil plus agressifs viennent perturber les nappes de synthés, les voix savent passer des choeurs gospel (avec comme guest le London Community Gospel Choir) à l'incantation obsédante. La posologie est claire : plusieurs fois par jour, sans aucune contre indication.

C'est un album de désespoir, de plongée dans la drogue et la foi, ou plutôt une sorte de spiritualité païenne où "God" est plus un mot qui sonne formidablement qu'un concept chrétien (No god, only religion). Désespéré, Pierce l'était sûrement, vu qu'il venait de se faire salement larguer par sa joueuse de claviers, Kate Radley, événement aux conséquences délétères aussi bien pour la santé mentale du garçon que pour celle de sa musique.

Pas étonnant alors que le CD soit présenté sous la forme d'un médicament, tablette de 70 mn, à distribution auriculaire seulement, avec une ordonnance et tous les avertissements d'une boîte d'anxiolytiques. Et il est vrai que cet album possède des vertus thérapeutiques (formidable bande son d'une nuit d'insomniaque, il ne s'endormira pas, mais il s'en foutra), aussi bien sur l'auditeur que sur Pierce, dont la voix, passe, au fil de l'album, de la tristesse la plus insondable à la colère, puis à un apaisement superficiel (Broken Heart) un peu contredit par la violence rentrée de Cop shoot cop, la symphonie de 17 minutes qui clôt ce comprimé de musique planante, méchante, hypnotisante.

Depuis, Pierce va mieux, et a mis un peu plus de pop dans ses albums suivants, qui sont (très) bons, mais pas aussi monumentaux que celui-ci qui, sorti en 1997, a été nommé disque de l'année par le NME en... 2001, et n'a jamais rencontré le moindre succès public. C'est un tort. Ah s'il était remboursé par la sécu...(7,5/10)

 

 

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